Déconstruire, sensibiliser, prévenir : le SCJE face au système prostitutionnel (2/2)
16/01/2025
La prostitution des mineurs est une réalité alarmante en France, touchant des jeunes souvent pris dans un engrenage de vulnérabilité et d'invisibilité sociale. Ce phénomène, bien qu’insidieux, impose une réponse collective et immédiate pour prévenir l’exploitation et protéger les victimes. Le SCJE, acteur engagé dans cette lutte, œuvre activement à travers des actions de prévention et de sensibilisation auprès des adolescents et des professionnels. Dans cette seconde partie de notre article, nous mettons en lumière les initiatives menées par Virginie Renard, responsable prévention au SCJE, qui s’investit sur le terrain pour briser le silence, informer et sensibiliser à ces problématiques cruciales.
Partie 2 - Lutter contre la prostitution des mineurs : Un travail de prévention en milieu scolaire et auprès des professionnels
« Depuis plusieurs années, nous intervenons dans les écoles pour sensibiliser les jeunes sur les thématiques suivantes : la prostitution, le consentement, les violences sexistes et sexuelles, ou encore la cyberviolence. Pourquoi ? Parce que les comportements des jeunes ont évolué avec l’accès illimité aux réseaux sociaux et aux contenus en ligne, notamment pornographiques.
La prévention contre la prostitution des mineurs : une intervention dès le plus jeune âge
« La prévention contre la prostitution des mineurs s’inscrit dans une lutte globale, qui commence de plus en plus tôt. Nos premières interventions ont lieu dès le collège, où nous abordons les violences sexistes et sexuelles, en expliquant l'importance du consentement. Ces sensibilisations nous amènent aussi à aborder des problématiques liées aux réseaux sociaux, comme la cyberviolence, le partage de photos intimes (nudes) ou encore le revenge porn. Ces comportements, souvent banalisés, peuvent être le point de départ d’une dérive vers l’exploitation et la prostitution.
Nos interventions en milieu scolaire varient en fonction de l’âge des élèves. Dès la maternelle, nous introduisons la notion de consentement de manière ludique. On apprend aux plus petits à dire "non" et à comprendre qu’ils ont ce droit.
En fonction du public, nous utilisons des jeux interactifs et des mises en situation pour rendre l'apprentissage plus accessible. Au collège et au lycée, nous approfondissons les thématiques avec des supports plus élaborés : vidéos, quizz, mots croisés, mises en situation. Ces supports sont adaptés à l'âge des élèves, mais l’objectif reste le même : leur faire comprendre les dangers qui existent, tout en leur donnant les outils pour les identifier et y faire face.
Impliquer les parents : Un enjeu de la prévention
L'un des principaux défis que nous rencontrons lors de nos interventions est la position des parents. Beaucoup se sentent démunis face à ce que leurs enfants peuvent rencontrer en ligne. Il y a souvent un grand fossé entre ce que les jeunes savent et ce que les parents imaginent.
Les enfants maîtrisent rapidement les nouvelles technologies et connaissent des astuces pour contourner les filtres ou les interdictions. Cela nous montre à quel point il est essentiel d’impliquer aussi les parents dans nos actions de prévention. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous les sensibilisons aussi.
Lors de nos interventions, nous leur montrons ce que leurs enfants utilisent en ligne, afin qu’ils prennent pleinement conscience des risques auxquels leurs enfants peuvent être exposés. Les parents ne se rendent souvent pas compte des comportements et des dangers réels liés à la prostitution des mineurs et à la cyberviolence.
Former les professionnels pour mieux accompagner les jeunes
En parallèle de notre travail en milieu scolaire, nous avons développé des formations professionnelles destinées aux adultes qui accompagnent les jeunes : éducateurs, psychologues, enseignants, travailleurs sociaux, etc.
Pourquoi ? Parce que ces professionnels nous ont fréquemment exprimé leur difficulté à adopter la bonne posture face à des jeunes exposés à des comportements hypersexualisés, souvent liés aux réseaux sociaux et à Internet. Nombreux sont ceux qui nous ont confié ne pas savoir comment réagir face à une victime, un auteur, un témoin, voire même les parents. C’est là que nous intervenons : les accompagner pour qu’ils puissent mieux s’adapter à chaque situation.
Nos formations, proposées dans le cadre de notre centre de formation certifié Qualiopi, abordent plusieurs volets essentiels pour renforcer leurs compétences.
Sur le plan juridique, elles expliquent les infractions spécifiques à la prostitution des mineurs, la notion de consentement, et les recours juridiques disponibles pour les victimes. D'un point de vue psychologique, elles permettent aux professionnels de mieux comprendre les enjeux émotionnels et psychologiques des jeunes concernés, tout en leur fournissant des conseils pratiques pour mener des entretiens avec des victimes, témoins ou auteurs. Enfin, un autre aspect de la formation est centré sur la prise en charge, notamment sur la manière d’aider un jeune victime, comment aborder un auteur ou apporter une réponse adaptée aux parents désemparés.
Les modules permettent aux professionnels de mieux comprendre le rôle qu’ils jouent dans la prévention et la prise en charge, et de mieux appréhender les réactions à adopter face à des situations complexes.
À la fin de chaque session, ils repartent avec un référentiel et des ressources concrètes, afin de les outiller au maximum pour qu’ils puissent, en interne dans leurs établissements, établir des protocoles adaptés et efficaces.
Les actions menées par le SCJE , visent à protéger les jeunes contre l'exploitation, en intervenant à chaque étape clé : prévention, sensibilisation, accompagnement. La prostitution des mineurs est un fléau qui nécessite une prise de conscience collective et une action coordonnée à tous les niveaux.
Grâce à nos interventions dans les écoles, nos formations pour les professionnels et notre accompagnement des familles, nous œuvrons pour rompre le cycle de la violence. En agissant ensemble, et en agissant tôt, nous pouvons offrir à nos jeunes un avenir libéré de l’exploitation et de la violence. »