25 novembre 2025 : immersion au cœur de la mobilisation du SCJE contre les violences faites aux femmes
02/12/2025
Mardi 25 novembre. Dans toute la France, les équipes se lèvent tôt, se rassemblent, s’équipent. Dans les juridictions, les centres sociaux, les salles municipales, les collèges, les stands installés à la hâte, la même détermination circule. La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes s’ouvre, et avec elle, une mobilisation coordonnée, dense et essentielle.
Le SCJE est présent, au plus près des réalités de terrain.
Cette journée n’est pas symbolique. Elle donne à voir, concrètement, ce que vivent les victimes, ce que portent les professionnels, ce que la société peine encore à appréhender.
Dans cet article, nous revenons sur les temps forts de cette semaine d’engagement menée par le SCJE.
Hirson–Thiérache : plonger dans le parcours d’une victime
Dès le matin, un silence enveloppe la salle. Puis une voix retentit et une porte claque. Chacun retient son souffle : le Serious Game conçu par le réseau d’accompagnement des victimes de violences conjugales, porté par France Victimes sous la direction d’Adrien BARRIS, commence.
Émilie David, responsable des établissements de l'Aisne commente : « Une expérience unique, particulièrement réaliste, qui retrace le parcours d’une victime depuis les premiers signalements jusqu’à la réponse judiciaire ».
Les participants suivent alors, étape après étape, ce que traverse une femme lorsqu’elle franchit les portes de la CLAP pour déposer plainte, lorsqu’elle rencontre les Intervenantes Sociales en Gendarmerie, lorsqu’un médecin légiste évalue les ITT dans un service hospitalier, lorsqu’une professionnelle de l’UTAS débloque une aide exceptionnelle « en 48 heures », lorsqu’une psychologue et une juriste de France Victimes la soutiennent, lorsqu’on lui présente un téléphone grave danger.
Ce n’est pas un exercice théorique. C’est une immersion.
Le SCJE intervient ensuite. On y rappelle la mise en place du contrôle judiciaire pour l’auteur, le rappel systématique de la victime, le rôle d’information et de protection, la gestion des alertes, la coordination permanente avec le Parquet, l’UTAS, France Victimes.

Une mécanique exigeante mais nécessaire.
L’après-midi, place à un procès fictif. Madame Anne GUERIN, vice-présidente du tribunal judiciaire de Laon, Madame Julie MARTY, substitute du procureur, Maître Letissier et Maître Millescamps restituent, avec précision, la rigueur d’une audience.

Le public ressort avec un sentiment clair : la justice est un travail minutieux, complexe, parfois confrontant.
En filigrane, un nom revient : celui de Séverine KLIMECK, juriste de France Victimes 02, saluée pour « une coordination exemplaire du projet durant de longs mois ».
Le regard se pose aussi sur Amélie GILEWSKI, contrôleuse judiciaire au SCJE, dont chacun reconnaît "son engagement constant dans le réseau, son investissement dans le projet."
Saint-Pierre (La Réunion) : une audience pour comprendre, 120 lycéens pour apprendre
À Saint-Pierre, 11 000 kilomètres plus loin, un autre volet de la journée se déploie. Environ 120 lycéens de Saint-Louis et de Saint-Pierre franchissent les portes du tribunal. Pour beaucoup, c’est une première.
Ils assistent à une audience réelle, observent les interventions du Procureur de la République, Monsieur Olivier CLEMENCON et de la Vice Procureure Madame Carole PANTALACCI, dialoguent avec les assistantes de justice Patricia BATAT et Chloé BEN TOLILA.

Autour d’eux, le SCJE, aux côtés du RESEAU VIF et d’ARAJUFA, tient un stand d’information.

Certains n’auront pas saisi toutes les nuances. Mais tous repartiront avec une image plus précise de ce que signifie rendre justice.
Dunkerque : comprendre la parole entravée
À Dunkerque, l’Accueil de Jour Joséphine, l’un des hébergements de SOLFA, souffle sa première bougie. Notre équipe y est invitée, franchissant les portes d’un lieu essentiel pour l’écoute et l’accompagnement des victimes. L’atmosphère est dense : les professionnels échangent, les partenaires circulent, et les victimes trouvent refuge dans un cadre pensé pour elles. Au fil des rencontres, nos équipes partagent leurs pratiques et process, rappelant que pour lutter efficacement contre les violences conjugales, il faut agir de concert, tant du côté des auteurs que des victimes.
Le soir, le décor change. La salle de la BIB, bibliothèque de Dunkerque, se remplit et tous les regards se tournent vers la scène pour une conférence au titre saisissant : « Pourquoi j’ai invité mon agresseur à mon mariage ? », organisée par SOLFA et la Communauté Urbaine de Dunkerque. Pendant 1h15, Bettina ZOURLI raconte les freins à la parole, la honte, les stéréotypes, et cette « société imprégnée de culture du viol » qui pèse sur les victimes. Chaque mot, chaque récit révèle à quel point briser le silence est un véritable parcours de combattante.
Saverne : rendre visibles les missions
Au centre socio-culturel de Sarre-Union, Aurélia Meier, responsable du SCJE de Saverne, présente les missions de l'établissement, aux côté du Procureur de la République, Monsieur François Antona, du président du tribunal judiciaire, Monsieur Thomas Lamorelle, de Madame Lucie Ricard, chargée de mission violences intrafamiliales ainsi que de l'association SOS France Victimes 67.

Elle décrit l’accompagnement avant, pendant et après la plainte, les groupes de parole, le suivi psychologique, mais aussi le travail auprès des auteurs : mesures alternatives, suivis pré sentenciels, logements d’éviction.
Ses explications montrent toute la complexité d’une lutte qui engage plusieurs niveaux d’intervention, et plusieurs professionnels.
Charleville-Mézières : coordonner pour mieux protéger
Le 25 novembre, à Charleville-Mézières, le premier conseil de juridiction sur « Le parcours judiciaire des victimes » ouvre ses portes. Trois tables rondes rythment la journée, consacrées aux mineurs victimes, aux majeurs victimes et aux majeurs protégés. Magistrats, services de l’État, associations et le SCJE se retrouvent autour des tables pour partager expériences et pratiques, et identifier ensemble ce qui peut être amélioré. Un groupe de travail se forme pour élaborer une plaquette d’information destinée aux victimes, preuve que la lutte contre les violences repose sur la coordination et l’échange.
Marie Mathilde RICHARD, Responsable d’établissements est intervenue, aux côté de Marie-Assia TROCME, Assistante sociale et intervenante en espace de rencontre, sur la thématique « rencontre médiatisée et médiation familiale ».

Ensemble, elle ont présenté le cadre différencié de leur espaces de rencontre (ER) : l’espace protégé, pour les situations de VIF et ordonnances de protection, et l’espace classique, prévu par décision JAF ou conventionnel, pour les rencontres parents-enfants.
Elles ont également rappelé le caractère transitoire de l’ER et le projet d’accompagnement de la parentalité vers l’extérieur, avec un cadre évolutif incluant supervision, visites classiques, droit de sortie, et médiation familiale pour formaliser les accords. Les situations de VIF restent sécurisées, avec un suivi parental non-violent dans le cadre des accompagnements CPCA.
Enfin, en cas de sortie de l’ER, elles préconisent l’application Ti3rs, avec des abonnements gratuits subventionnés par la CAF et la DDFE, un outil supplémentaire pour sécuriser le suivi parental et faciliter la transition.
Douai : prévenir là où les gens vivent
À Auchan Sin-le-Noble, le quotidien continue : familles pressées, annonces micro, files aux caisses.
Mais à l’entrée, un stand attire l’attention. Deux intervenantes sociales en commissariat, Chloé SZCZEPANIAK et Laura ROSSEZ, échangent avec les passants. À leurs côtés : la psychologue du commissariat, Mme Lucie BOTREL, la CAF, la CPAM, la CPTS, des associations engagées.

Parfois, les échanges sont brefs. Parfois, ils se prolongent. Une question posée. Une brochure prise. Une parole qui se libère.
Et, souvent, une première étape.
Une mobilisation collective et nécessaire
Sur l'ensemble du territoire, cette semaine d’action a montré que la lutte contre les violences faites aux femmes est coordonnée et exigeante.
Elle repose sur :
-
une coordination solide entre institutions,
-
une pédagogie adaptée aux publics,
-
un travail constant et engagé des professionnels,
-
et la conscience que l’action doit être simultanée auprès des victimes et des auteurs.
Le SCJE a démontré sa capacité à mobiliser ses équipes et ses partenaires, à montrer concrètement ses missions et à sensibiliser différents publics à l’ampleur et à la complexité de la problématique.
Cette semaine rappelle que la lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales n’est jamais achevée, mais qu’ensemble, acteurs institutionnels, associations et citoyens peuvent faire reculer le silence et la violence.

Demande de contact prise en compte.