Le SCJE organise son premier séjour de rupture !
24/10/2023
Créer une rupture avec son environnement de vie pour mieux évoluer et se réinsérer dans la société, tel est l’objectif ambitieux des séjours de rupture. Cette année, sous l’impulsion d’Houcine Aytedra, le premier séjour de rupture organisé par le SCJE a vu le jour. Ce projet est la continuité de notre volonté de développer une prise en charge socio-éducative renforcée dans le champ de la prévention de la délinquance et de la récidive. Notre démarche s’inscrit dans la démarche de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives qui est d’ailleurs l’un des financeurs de l’initiative.
La continuité d’un accompagnement
Les jeunes adultes qui ont fait le choix de partir loin de tout ce qu’ils connaissaient sont actuellement sous-main de justice et font donc l’objet d’un contrôle judiciaire concernant des problématiques de trafics de stupéfiants, pris en charge par SCJE de Lille.
Lors de leur contrôle judicaire ils ont pu participer à des ateliers renforçant l’estime de soi, sur le langage et sur la déconstruction de la pyramide du trafic de stupéfiants notamment. Ces personnes suivies par le SCJE ont également pu exprimer leur créativité en réalisant une fresque représentant des figures de la paix dans le monde. Le but de cet atelier, travailler sur la thématique de la citoyenneté et la place de l’individu dans la société.
Pour en voir plus, cliquez ici : Un atelier artistique unique réunit des justiciables autour de la créativité et de la citoyenneté
Ces ateliers sont, selon Houcine Aytedra des “investissements qui pèse dans la balance contre le trafic. Nous leur montrons qu’eux aussi peuvent avoir une belle vie en travaillant dans la légalité”.
Un séjour de rupture pour jeunes adultes : une évidence
Au fur et à mesure des années, l’idée a germé dans l’esprit de l’équipe SCJE d’aller plus loin ; en développant un séjour de rupture afin d’éloigner ces personnes de leur environnement pour provoquer la réalisation qu’une autre vie existe.
“Ce projet a pour but de promouvoir l’insertion professionnelle et sociale des personnes sous main de justice tout en contribuant à la construction d’une maison à faible empreinte carbone dans la commune de Sainte-Croix.”. Situé dans l’Ouest-Aveyron, le village de Sainte-Croix compte 200 habitants à l’année, un dépaysement certain pour ces jeunes qui viennent de Lille et Roubaix et qui ne connaissent que la ville. Monsieur Tarik Hammam, qui est à l’initiative du projet, les a donc accueillis les bras ouverts ainsi que les professionnels qu’ils ont pu rencontrer.
Le Service de Contrôle Judiciaire et d’Enquêtes a conçu ce séjour comme une opportunité pour de jeunes adultes de favoriser leur réhabilitation et leur réinsertion sociale en acquérant des compétences dans un champs professionnel en plein essor : l’écoconstruction. En effet, habituellement, les séjours de rupture sont organisés pour des mineurs issus de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). La décision de se tourner vers un public plus âgé, de jeunes adultes était présente dès le début du projet.
Tout d’abord en raison des conditions ardues du séjour : nuits en tente, douche à l’eau froide et toilettes sèches. Le choix de personnes de participer ou non à ce séjour est une décision consciente nous dit Houcine. En effet, l’enjeu est ici non seulement social mais également professionnel puisque nous leur donnons l’opportunité d’acquérir des compétences professionnelles porteuse de sens et d’avenir. Ces personnes se sont engagées à participer à ce séjour de rupture et ont ainsi fait un pas en avant vers leur réhabilitation et réinsertion sociétale.
Malgré la difficulté d’être confronté à un environnement complétement inconnu et déstabilisant, ils n’ont pas renoncé et ont pu persévérer dans leurs efforts et leur travail. Cet engagement personnel est un témoin marquant de la réussite de ce séjour de rupture, encadré par Houcine Aytedra.
Des compétences professionnelles utiles
L’idée du chantier participatif était présente dans l'esprit d’Houcine Aytedra depuis les débuts du projet. C’est pourquoi, en accord avec la direction du SCJE, son choix s’est porté sur l’éco-chantier de monsieur Tarik Hammam. Il en a fait la découverte à travers un article de La Dépêche de l’Aveyron.
Le projet de monsieur Hammam est innovant : construire une maison à l’empreinte carbone la plus faible possible mais, ce projet est également social puisque son chantier est participatif. Tout comme nos volontaires lillois et roubaisiens. Encadré par Houcine Aytedra, les personnes placées sous-main de justice ont été aiguillées par Tarik Hammam, qui leur a expliqué les tenants de l’écoconstruction, leur donnant des missions pour chaque jour, permettant ainsi de renforcer l'engagement et d’empêcher la démotivation. “Le soir, les journées bien remplies nous laissent avec un sentiment de satisfaction quant à l’ensemble de nos réalisations !” nous dit Houcine.
“Certains ne cachent pas leur satisfaction, déclarant qu'ils ne sont pas déçus par cette expérience. Pour eux, l'éloignement des centres urbains et des environnements potentiellement associés à des problèmes et des tentations est un changement bienvenu. Ils trouvent une nouvelle forme de calme et de concentration ici.”
Durant leur semaine dans l’Aveyron, l'équipe lilloise a réalisé de bonnes avancées sur le chantier. Ils ont pu créer un enduit à base de terre et de paille, qui servira à rendre les murs de paille durs comme du béton ! Puis, le groupe a enduit les murs de la maison avec cette mixture. De plus, ils ont pu découvrir comment poser une baie vitrée avec l’aide d’un professionnel du métier. De l’aide était également nécessaire pour réapprovisionner le chantier et préparer le bois à être posé dans l’entrée de la maison : des missions réussies avec brio par les Lillois !
“Second souffle”
Si le SCJE s’est attaché à “connecter” les jeunes à leur environnement, loin de toute agglomération et de la vie urbaine, c’est parce qu’il était nécessaire de sortir du lieu où ils ont commis des délits pour se décloisonner. “Une autre vie existe en dehors des trafics” tel est le message que porte le SCJE et notamment Houcine en bandoulière avec ces jeunes depuis le début de leur contrôle judiciaire. “Ce sont des personnes qui ont eu un parcours de vie difficile au niveau social, tous viennent de familles monoparentales et résident dans des quartiers prioritaires. Ils ont également fait face à de nombreux échecs scolaires notamment qui ont sérieusement ébranlé leur confiance en eux.”.
A travers ce projet, le but du SCJE est de montrer, qu’ils peuvent rencontrer des succès dans un travail légal et reprendre confiance en eux. L’idée était également de montrer d’autres possibles que la voie du trafic. Pour cela, il était déterminant de montrer une conduite exemplaire pouvant servir d’exemple. Comme le dit Houcine, “Je savais en partant que je devais avoir une posture exemplaire : garder mon sang-froid quelle que soit la situation et avoir une attitude rassurante dans cet environnement qu’ils ne connaissent pas.”.
Dans l’Aveyron, à Sainte-Croix, loin de tout, ils ont été coupés des réseaux qui les mettent en danger et en difficulté au quotidien. Ce séjour leur a permis de trouver un second souffle, loin de leur vie quotidienne, là où l’air est plus pur, à la campagne.
Le séjour de rupture : une expérience à renouveler !
“C’est l’un plus beaux séjours de rupture que j’ai pu organiser. Avec des participants adultes, l’initiative prend tout son sens !”.
L’expérience porte déjà ses fruits puisque qu’un des jeunes justiciables vient de commencer une formation et un autre prend la voie de la réinsertion professionnelle.
Les jeunes vont bientôt être réunis par Houcine Aytedra. L’occasion de faire le point sur la semaine passée ensemble et d’entendre leurs retours d’expérience. Houcine, suite à l’expérience du séjour, mentionne l’importance de suivre ces jeunes hommes sur le plan psychologique également. C’est une voie qui sera exploré dans la continuité de leur contrôle judiciaire.
Suite à ce séjour de rupture lillois, trois autres sont en préparation dans nos établissements de Rouen, Draguignan et Troyes. En effet, la dynamique que créée des projets comme celui-ci est indéniable. Le SCJE, avec le soutien précieux de la MILDECA, est désireux de continuer sur cette lancée, permettant ainsi de réhabiliter ces jeunes et de leur donner un “second souffle”.